Episode 2
Et néanmoins la poésie...Philippe Jaccottet (2/4): Habiter le doute
Dans le bureau de Philippe Jaccottet, entre carnets, silence et paysages intérieurs, ce deuxième épisode explore une poésie de l’incertitude, née du doute, du refus des effets faciles et d’un lien intense au monde. Une voix discrète, exigeante, lucide et profondément humaine.
Une série documentaire Chahut Média, conçue avec Daniel Maggetti.
🎼 Musique : Gaspar Claus.
Transcript
Chahut
qu'on monte au bureau de Philippe chaque côté. Oui. Et donc c'est un, ce qu'elle est assez étroit qui monte sur trois étages, n'est ce pas? Et il y a des livres, évidemment, à chaque étage, nous sommes dans le bureau de Philippe chaque côté. C'est une pièce peint en vert foncé modeste toma au sol, située au dernier étage de la maison familiale.
Degron ça, c'était le bureau de Philippe. Oui, sa table de travail est toujours là. Il est placé devant le radiateur on l'imaginait plus large sur les étagères des livres par dizaines, des papiers empilés, deux grandes armoires du côté, il y a la pléiade. Donc de saint-simon à tout balzac tout Hugo, tout dit 15 selon Anne-Marie j.
Côté épouse du poète. La pièce a été en partie rangée, mais il reste beaucoup à faire. Antoine, leur fils vient d'ailleurs donner un coup de main cette fin de semaine. Oui, venez, venez. Oui. Quand on la rencontrait. Anne-Marie chaque côté ne tenait pas ce qu'on visite. Le bureau de son mari. Non, on n'a pas insisté.
Et puis finalement elle a lancé, mais comme vous êtes là, bien, on va monter. Alors on a gravi deux étages et on a croisé des dizaines de tableaux accrochés au mur de l'escalier des œuvres signées garche pas les yeux sans cha. C'est un marc chaal oui. Des graveur sur bois. Une fois parvenu dans le bureau de Jacques côté situé face à l'atelier de son épouse, on a contemplé songeur un peu intimidé ce lieu où le poète a travaillé durant des décennies, impressionné où il a traduit écrit douter guetter les éclats minuscules de lumière que le monde parfois laisse passer.
Il y a des tableaux au mur dont plusieurs de madame Jacques. La fenêtre du bureau donne sur le jardin. Qu'on l'ouvre. Écoutez,
et c'est depuis ce bureau qu'on déplie cet épisode consacré à la poésie de Philippe Jacques côté une poésie qui ne prouve rien qui ne proclame rien, qui avance à voix basse entre doute et émerveillement. Et néanmoins la poésie. Philippe jacot. Une série documentaires podcast chat média conçu en collaboration avec Daniel mati la musique du générique et de caspar k cl épisode deux un poète à l'écoute de son temps comme je suis un étranger dans notre vie je ne parle qu'à toi avec d'étranges mots parce que tu seras peut être ma patrie, mon printemps, ni de paille et de pluie aux rameaux.
Ma ruche d'eau qui tremble à la pointe du jour ma naissante douceur dans la nuit mais c'est l'heure que les corps heureux s'enfouissent dans leur amour avec des cris de joie et une fille pleure dans la cour froide et toi tu n'es pas dans la ville tu ne marches pas à la rencontre des nuits c'est l'heure où seul avec ses paroles faciles je me souviens d'une bouche réelle.
Aux fruits mûrs source des chemins dorés jardin de lierre je ne parle qu'à toi mon absente, ma terre. Ma terre.
Alors vous dites que vous avez rencontré Philippe j côté très jeune, comment ça s'est passé? En fait, au départ, j'avais 20 ans. Donc c'était un, un moment très important dans ma vie. C'est un moment ou. Tout devient grave tout d'un coup parce qu'il faut faire des grands choix, un peu comme quand on est sur un qu de gare et on voit tous les quais devant soi.
Il faut choisir le banquet, jean-marc souillon, poète traducteur. Et donc je sentais en moi une sorte de feu. Je voulais quelque chose de fort et je savais que c'était du côté de la littérature que je le trouvais. Je lisais beaucoup de poésie, j'en écrivais moi même. Et donc je cherchais du côté des auteurs vivants et il se trouvait qu'il y en avait un dans ma famille que j'avais croisé parfois, et sans savoir que c'était un grand écrivain, un grand poète et ce poète était Philippe jako.
Ted. Quand j'ai découvert cette poésie, elle m'a ouvert une brèche dans la tête et ça a été très lumineux. C'est comme une sorte d'irruption de la lumière dans mon existence, mais la lumière réelle,
je lui ai écrit une lettre façon jeune poète. Un cher maître, aidez moi comment vivre un gros. C'était vraiment la question qui était posée et en sachant pas s'il y aurait une réponse. J'étais vraiment un jeune garçon et je pense que le fait qu'on soit la même famille à jouer parce qu'il m'a répondu très rapidement.
Et donc j'ai pris cette lettre et j'étais tout seul chez moi. J'étais incapable de l'ouvrir et l'émotion était tellement forte sans y réfléchir. Je suis allé à la gare et j'ai pris. Le train, il fallait que je sois en mouvement pour que les mouvements intérieurs, d'une certaine manière, s'expriment au dehors.
Et c'est dans le train que j'ai ouvert la lettre. Il y avait une réponse qui était celle que j'attendais sans vraiment le savoir. Ce n'était pas une réponse de type théorique ou des conseils avisé d'un sage s'adressant à un jeune garçon. Non, c'était, il faut qu'on se voie.
Ce que jean-marc sourdi on découvre en arrivant ingréient. C'est la vie d'un poète calme, discipliné, ordinaire.
Quand je suis arrivé agréant il m'a accueilli avec Anne-Marie chez eux et ils ont vécu comme ils vivaient tous les jours. C'était au moment du 14 juillet. Et donc ce que j'ai découvert, c'est la vie d'un poète. Donc c'était par un beau qui était parti en aby cie artaud, qui était parti au Mexique. Non, c'est quelqu'un qui se levait tôt le matin qui allait faire les courses qui allumait le feu pour faire des côtelettes ou qui répondait à son courrier qui choisissait une bouteille de vin qui regardait souvent le ciel ou le paysage autour de lui qui allait faire une promenade le soir sur les falaises au dessus du cabanon.
Et donc une vie absolument banale, absolument ordinaire. Et je pense que voilà, c'est peut être ce qu'il voulait me me montrer dans un lieu qui était magnifique. Le cabanon, c'était une toute petite maison en vieille pierre très ancienne qu'il avait aménagé. Il n'y avait pas d'électricité, vous, il n'y avait pas de salle de bain.
Et pour se toucher, il y avait un arrosoir en plastique qui était suspendu dans un arbre, mais il y avait une magnifique terrasse devant. Et puis. À un moment, il a tiré deux transat et on s'est installé sur la terrasse devant la maison. Et là d'un coup, il s'est mieux me parler alors qu'il n'avait pas parlé du tout.
On parlait tout à fait d'autre chose vraiment, surtout pas de poésie et littérature. Alors il a sorti un petit carton de Bristol sur lequel il avait inscrit la liste des courses et il a fait un petit croquis qui représente une ligne sinueuse. Et puis au milieu et sur le côté, il y a des sortes de petits soleil.
Voilà. Et il m'a dit ça, la ligne sinueuse, c'est le courant d'une rivière et toi, tu es dans une barque sur cette rivière et la rivière te porte. Et de temps en temps, tu peux donner un petit coup de gouvernail ou un petit coup de ram pour éviter de heurter les rives. Et c'est tout. La seule chose que tu as à faire, c'est ça, sinon, tu as te laisser traverser.
en personne documentaire rts: p dont il ne reviendra pas en:La poésie de Jacques côté. Je vais oser un mot. Je dirais que c'est une poésie qui a quelque chose d'ex existentiel. Voilà. J'ai envie de dire ça. Daniel mag jetti, directeur du centre des littérature en suisse romane. Et si je dis ça, c'est que je pense qu'il faut l'avoir dans le panorama de la poésie du XXe siècle comme une poésie qui s'est effectivement interrogé, surtout sur.
Des problématiques qui sont des problématiques liées à la place du sujet ou de l'homme dans l'histoire, à une époque où la plupart des repères se sont effondrés. Comment est ce qu'on peut encore croire en l'homme après Auschwitz et après la deuxième guerre mondiale, quel type de croyance ou de foi peut on encore avoir et en quoi, étant donné que Jacques côté n'est pas du tout dans une optique religieuse ou liée à une religion révélée ou quelque chose de cet ordre là.
Donc d'autre part, peut être le dernier aspect. C'est aussi que Jacques côté n'a pas non plus fait confiance. Dire il s'est méfié. C'est peut être autrement de ce qui était dans sa jeunesse, surtout, et même un peu après, une grande tendance de la littérature de la poésie est celle d'être engagée en sens vraiment direct.
Politiquement et idéologiquement, c'est quelqu'un qui a toujours été extrêmement prudent par rapport à ça. Donc, il a plus procédé, je dirais, par questionnement et refus, d'embrasser des positions qui seraient des positions univoques ou absolues et vigilance en termes de positionnement personnel, mais aussi.
Par rapport à la réflexion, on peut avoir sur le sens de la vie des hommes et en se considérant au fond comme un sujet typique du XXe siècle. C'est un dernier point qui me paraît aussi assez important par rapport à son œuvre poétique. En tout cas, ce n'est pas un poète qui s'attache à des formes qui seraient des formes virtuose.
Oui, Philippe j, côté pour moi, appartient vraiment à cette génération d'écrivains des années 20 ont évidemment été bouleversés par la seconde guerre mondiale, Aline berger, professeur de littérature, la Sorbonne paris, d'autant plus qu'il se trouvait en suisse. Donc, dans un lieu qui n'était pas évidemment tout à fait un refuge, mais.
Le sentiment d'enfermement aussi par les Alpes et et de cette Europe en guerre qui s'effondrait. C'était un paysage de ruine face auquel le nombre d'écrivains s' orientés vers le paysage après guerre et dont il est un des voix majeures. Je trouve mais formé aussi par beaucoup d'autres autres voix qui résonnent à l'époque en Europe comme géo mental en Italie.
Qui parle des occasionnées dans les ruines, des lueurs qui permettent de redonner un souffle à l'écriture poétique, son propos après guerre, c'était la conscience de l'effondrement d'une certaine Europe et des ruines et de gatter des lueurs dans les ruines. Et puis échafauder plutôt des passerelles sur l'abîme.
C'était ça l'image qu'il utilisée. Voilà donc la rencontre du monde réel. Dans sa dimension tragique, historique, en même temps qu'il tenait aussi à voix basse comme un objet de discours secondaire pour lui par rapport à des vrais témoins et acteurs de l'histoire politique engagés qui étaient ses prédécesseurs pon pollan des gens qu'il a connu et aussi, bien entendu, la distance que permet le fait de venir de suisse d'avoir et venir d'un pays qui était un pays de grande littérature aussi pendant la guerre.
Et avec des contacts amicaux forts avec d'autres grands poètes, comme Gustave rou, traducteur des romantiques. Donc dans tout ça, ça a donné ce champ à la fois historique à multiples déploiements
dans l'après guerre côté ne choisit ni la révolte ni la provocation. Ce qu'il retient. C'est l'idée qu'il faut malgré tout continuer habiter le monde en ruine qui s'étend sous ses yeux. Il le fera depuis la suisse, puis depuis gant, toujours à distance du fracas dans l'après guerre, il y avait quand même une très forte volonté de pas de tout casser.
Fabien vasseur. Poète enseignant fallait surréalistes. C'était encore bien. Bien présent, il y avait quand même la présence d'un poète comme en un artaud et puis michaud qui il a toujours beaucoup aimé. C'est ses maîtres là, mais les épigones, ceux qui voulaient continuer à. Transgresser à faire du rimbaud après un rimbaud à faire du artaud après artaud crier des blasphèmes sur les toits comme il disait ça ne l'intéressait pas du tout.
Et très tôt, il dit la poésie est à faire d'ordre et de règles ou elle n'est pas et c'est un homme de 25 ans qui dit ça même pas 22 ans. C'est extraordinaire. On voit l'autorité. Et à l'époque, c'était, il suivait jean polan, qui était évidemment chez gallimard. C'est lui qui a publié les frais jean polan.
Et avec sa nouvelle rhétorique, il disait c'est ça qu'il faut chercher à avoir. C'est retrouver. Un style d'écriture ou des registres de langue qui soient ceux du plus grand partage qui soit ceux de l'accessibilité au plus grand nombre après la guerre, surtout après les horreurs de la guerre. Donc lui, il est très sensible à ça.
Il disait pas comme adorno écrire après Auschwitz ces barbares, mais écrire comme un barbare. N'était plus acceptable. Et donc tous les avant gards, il les a regard, surtout les avant gards agressifs. Il les a regardés avec une grande sévérité, mais parfois aussi beaucoup d'ironie. Il dit ainsi coas les grenouilles dans la marere littéraire.
Quand ces grenouilles explose ont elles, c'est quand même assez sévère. C'est dur. La transgression, la gratuité. Très peu pour Jacques côté pareil pour les concepts, le raisonnement trop appliqué ou les images dont il se méfie constamment exigeante intransigeante peut être sa prose est soumise à des règles strictes qu'il affinera tout au long de sa vie.
Il voyait que même si on ne pouvait plus écrire. Comme les classiques, comme avec envers totalement régulier, il y avait quand même l'idée ce qu'il appelait une mesure. C'était le mot qu'il utilisait beaucoup, une mesure intérieure qui faisait qu'on ne pouvait pas complètement abandonner les formes ou les vers.
Ou les rimes, c'est des éléments même de la poésie des gens classiques ou romantiques ou symbolistes, mais on devait les utiliser de façon libre. Et donc les premiers poèmes de Jacques côté sont encore des poèmes rimés des poèmes qui suivent un vers relativement stable et. La rime est abandonnée, je dirais, dans les années 60 70, il adopte un verre libre, très souple, très malléable et toujours très conscient quand même de ses effets.
Et ça reste très beau parce que la conscience rythmique est toujours là. Le sens de la mesure s'est encore affinée, même si la métrique s'est libérée complètement. Et je dirais que de ce point de vue là, Aucun recueil, aucun ouvrage de Jacques côté ne ressemble à un autre cercle. Il y a une vraie diversité, une vraie évolution et qui est d'ailleurs passionnante à étudier.
On laisse fabien vasseur choisir un exemple. C'est le dernier poème du recueil chant d'en bas parut en je me redresse avec effort et je regarde. Il y a trois lumières dirait on celle du ciel, celle qui de là haut s'écoule en moi, s'efface et celle dont ma main trace l'ombre sur la page l'encre serait de l'ombre.
Ce cirque me traverse, me surprend. On voudrait croire que nous sommes tourmentés pour mieux montrer le ciel, mais le tourment l'emporte sur ses envolées et la pitié noie tout brillant d'autant de larmes que la nuit
je me redresse et je regarde la fin de ce poème qui est absolument sublime de mon point de vue. N'a pas été trouvé tout de suite. Fabien vasseur c'est que dans la première édition de champ d'en bas, si on regarde l'ancienne version, elle est plate et il a changé la fin et cette fin est magique. Mais on peut expliquer moi.
J'ai essayé d'expliquer pourquoi elle est magique. Si tenter qu'on puisse tout expliquer, c'est qu'il y a un jeu d'enjouement et de rejets. De contre rejet, il y a un glissement comme ça, des verts et un ralentissement de la lecture ou le rythme se ralentit. De la. Plus belle manière et correspond exactement à l'effet qu'il a voulu pour et ce poème récapitule même formellement tous les éléments du recueil.
Et ça veut dire qu'il y a un souci de la forme qui n'est pas recherché pour elle même. Il y a la volonté chez lui de trouver la plus belle expression et il la trouve mais pas forcément tout de suite. Certains de choses sont données par la grâce. Et puis à certains moments, il attend. Et puis cette grâce vient mais plus tard.
Et donc de ce point de vue, là, voilà, on ne saurait dire que Jacques côté a évolué de la poésie fixe vers la poésie libre. C'est pas si simple.
L'œuvre de Philippe jacot était traduite dans de nombreuses langues allemands, espagnol, anglais, italien. Ce rayonnement dit quelque chose de sa poésie. Elle possède une clarté et une retenue grâce auxquelles elle traverse. Les frontières sont jouées de l'effet rhétorique ou de la démonstration appuyée, mais que nous apprend en détail la traduction de cette oeuvre si discrète et exigeante ici, renversons le point de vue.
La parole est au poète Fabio pusterla, qui a traduit jà côté en italien pendant plus de 30 ans. Le langage de chaque côté n'est presque jamais un langage obscur ni trop métaphorique. On comprend ce qu'il dit, mais on sent aussi que dans ce qu'il dit dans ses poèmes, il y a une sorte de flux de rythme justement.
Qui ne répond pas, ne répond plus aux traditionnels catégories rythmiques. C'est à dire à la métrique traditionnelle et tout ça. Alors la difficulté majeure, mais aussi la chose la plus intéressante, c'était de réinventer dans la langue italienne quelque chose de semblable, une sorte de poème discours comme il lui disait lui même dans un morceau de la maison, il opposait le poème instant.
Qu'il avait cru de reconnaître dans la poésie d'un poète italien, Giuseppe ungaretti, qu'il avait traduit presque complètement. Et de notre côté, le poème discours qu'il disait, c'est le mien, mais un discours rythmé et. Il y a un morceau très beau dans ces carnets de la ces maisons qui remonte aux années 60 du siècle dernier et que je vais lire parce qu'il est très bien en français.
Très, vraiment très beau. Il dit le quotidien allumé des feux. Et il ne prend pas du premier coup parce que le bois est humide. Il aurait fallu l'entasser dehors. Cela aurait pris du temps passer au devoir des enfants telle facture en retard, un malade à visiter, etc. Comment la poésie s ser t elle dans tout cela tel ou était l'ornement ou devrait elle être intérieure à chacun de ses gestes ou actes.
C'est ainsi que Simone Veil entendait la religion. Que Michel de guy entend la poésie, reste le danger de l'artifice d'une sacralisation appliquée et laborieuse peut être en ce temps réduit à une position plus modeste intermédiaire, la poésie, illuminant par instants la vie comme une chute de neige.
C'est déjà beaucoup si on a gardé les yeux pour la voir. Peut être même faudrait, il consentir à lui laisser ce caractère d'exception qui lui est naturel entre deux, faire ce qu'on peut tant bien que mal, sinon risque d'apparaître le sérieux du secteur, le sérieux du secteur, la tentation de porter la bure du poète de s'isoler en oraison ce qui gêne quelquefois chez ELT.
Pour moi, du moins. Je dois accepter plus de faiblesse. Voilà cette idée de cette idée de faiblesse de poésie comme interstice dans la vie quotidienne me semblait alors et semblait aussi à ceux qui avaient à peu près mon âge, la possibilité de sortir de cette sorte de lutte entre deux extrêmes et de poursuivre une idée de poésie humble.
Capable de se lier à la vie de tous les jours et de poésie humble, capable de se lier à la vie de tous les jours et de transformer cette vie de tous les jours, cette vie de tous les jours en quelque chose de plus important. De plus important,
chez Jacques côté l'ordre poétique. N'est pas une forme figée, mais une mesure intérieure. Il est le fruit d'un travail à la fois instinctif et acharné. Jacques côté ne cherche pas l'émerveillement. Il sait qu'il viendra. C'est une poésie qui se lâche qui en pose et qui est toujours très proche de la réalité de la vie la plus concrète.
Et donc elle est très accessible pour cette raison et elle introduit à l'intérieur de la vie la plus ordinaire et la plus concrète de la lumière au milieu, bien sûr, des ondes, des épreuves, etc, mais de la lumière jean-marc so. Et je pense que de cette manière là, elle propose. Ce qui manque tellement dans le monde d'aujourd'hui, qui est un horizon de quoi espérer, de quoi fonder une espérance dans les vies individuelles, au moins sinon dans les vies collectives.
Et je pense que là, elle a quelque chose d'extraordinaire à apporter. Ce n'est pas une. Poésie plaintive fait une poésie qui affronte en face la réalité de la violence et la réalité de la mort c de la finitude et qui, en même temps, fondent des pilotis d'une vie qui a du sens une vie ou on peut naître au fur et à mesure qu'on y avance.
Et puis la troisième chose aussi qui me paraîtrait contemporaine, c'est que c'est une poésie qui est fondée sur la relation avec la nature qui s'émerveille devant la diversité du vivant. Et la beauté fragile du vivant. Et je pense que c'est quelqu'un qui nous dit regardez, faites attention à cette fragilité là, à cette beauté, là, à cette variété là
moi, je suis devant une page blanche et elle est vraiment blanche au sens propre. C'est à dire que je ne sais absolument pas ce qui va se passer chaque fois, même après avoir finalement écrit un certain nombre de livres et travaillé bien des années. Un extrait de Philippe jac côté en personne.
Documentaire rts:Le poème n'est parfois dans la douleur, parfois après des mois de silence. La difficulté n'est pas d'écrire, disait-il mais de vivre de telle manière que les cris naissent naturellement. C'est une manière justement de répondre à l'extraordinaire angoisse, qui est la sienne, angoisse qui vient de l'impression d'être enfermée dans le temps avec la mort au bout.
Et puis une très grande angoisse devant la mort et la souffrance des proches aussi qui habitent vraiment son œuvre. Et puis également devant la souffrance et la violence du monde contemporain, notamment à l'égard. Des actes de torture. Par exemple, ça revient à plusieurs reprises dans ce qu'il écrit la violence.
On a partout le mimétisme et la misère des gens dans les grandes villes, par exemple, qu'il a pu constater à paris misère affective, misère sociale, des vie sans horizons ou en centre déchire et tout ça, ça forme une sorte d'écran entre lui et le monde entre lui et et sa propre vie dans lequel il se sent affirmé dans comme à l'intérieur d'un labyrinthe.
Et face à ça. Il n'y a que les idées et les idées, n'importe aucune sorte de réponse concrète. Seuls les événements poétiques qui viennent du monde qui viennent du contact avec la réalité peuvent apporter une lumière dans cette ombre là. Et donc chacune est un point d'appui pour la vie et sinon ensemble dans le désespoir.
Et donc il faut que ça tienne. Et le doute est là pour vérifier que ça tient bien. Alors on a fait beaucoup de Philippe j côté un poète, du doute de l'incertitude, etc. Je trouve que, bien entendu, il y a cette dimension de Aline berger de quatre, mais d'une quête discrète. Chez Philippe j côté, il y a une dimension de rencontre essentielle.
Il cherchait, je pense, le saisissement de la rencontre et faisait confiance à son intuition et son intuition. Conduisait à gatter des signes. Je crois que c'est quand même une des constantes jusqu'à son dernier livre dans la clarté Notre-Dame et en effet, alors ça a pris plusieurs formes. Et puis ça a été comme un long cheminement pour lui d'ailleurs, qui est passé par des phases en effet, de grands doutes.
D'expérience douloureuse de ce qu'il appelle l'obscurité, y compris après être arrivé à agr. Mais sa démarche étonnante a fini en effet par il me semble dans la promenade trouver son pas, son rythme et moi, je trouve que c'est un magnifique prosateur. Et puis il est arrivé à des formes plus métissées et je pense que le même point d'or, ça reste encore pour moi.
Paysager avec figure absente. Parce que c'est un moment d'équilibre. La promenade sous les arbres de 61 est encore marquée par ces moments de crise et de doute. Il rebondit à la crise de l'écriture, si je puis dire, à travers la découverte du haïku qu'il traduit. Et puis ensuite cet équilibrage entre pros et poésie et la cohabitation des deux se construit.
Il me semble la partie des années 60 et du pays de figure absente. Ça commence à trouver son rythme et son verre aussi se fait plus fluide. Penser sous les nuages que je trouve superbe, un procès d'un souffle vraiment que je trouve assez, assez unique et qui se voit graphiquement sur les manuscrits.
Cette. Écriture en verset plutôt
te de l'herbe faite des prés:Toutes ces robes transparentes ou presque. Mala gravé vite, vite, dimanche et court. Le pré revient. Il est tout autre encore que cela bien plus. Candide, bien plus simple. Toutes ces trouvailles le trahissent. Le dénature. Il est aussi bien plus étrange, plus vénérable, même peut être malgré tout
paysages. Avec figure absente:il a confié ses archives en deux mots, l'essentiel de ses archives. À Lausanne ou il est resté très attaché à ses années académiques, à Lausanne et à son arage existe au ciel en suisse, José flore tapis poétesse éditrice traductrice, et il m'a demandé de les classer. Alors ça a commencé par des manuscrits.
C'est passionnant. Il a toujours dit que la prose est un grand travail, mais la poésie. C'est quelque chose qui lui a donné au fond par certains moments de grâce. J'ai jamais cru cette parole, mais je n'aurais pas pu vous dire pourquoi dans ma nature, je ne pouvais pas croire ça. Alors quand j'ai vu les archives, la preuve était sous mes yeux, mais au pire, je n'ai jamais pensé qu'il travaillait autant la poésie, elle.
Et je lui ai demandé si je pourrais faire une exposition à l'université à dorin, à la riponne. Et il a dit oui. Et il m'a permis d'exposer ce que je voulais. Alors j'ai montré sa formation, ses années, ses réseaux littéraires. Mais dans une autre partie, l'exposition, j'ai montré son travail et j'ai suspendu des épreuves successives, par exemple, d'un même texte.
C'était impressionnant comme tout. Et il est venu pour vous dire vrai le dernier jour et je me souviens, il est resté très longtemps devant ses manuscrits et il m'a dit en sortant, j'oublierai jamais. Je ne me souvenais pas combien je travaillais. Donc, pour moi, la preuve était là, c'est que c'est un homme très pudique qu'il est assez naturel d'écarter de sa mémoire, des choses aussi pénibles.
Je dirais que la recherche du mot, juste le tourment d'un brouillon qui n'aboutit jamais, etc. Mais là, il était face à lui. En tout imp pudeur, je dirais, mais je l'avais quand même mis en scène de manière très élégante, disant pour lui, il a vu ces inable ratures ces bruyants exposés exposé dans sa réactiver dans sa tête le fait que la poésie ne lui venait pas comme ça.
Très souvent, d'ailleurs, elle vient de la prose intéressant. Il commence un texte en prose et il va très lentement. À la poésie et heure que le livre, un livre qu'on dit transparent, léger, impondérable, qu'on compare à la ou haïku err à mis cinq ans, il a un travail de cinq années constant, je dirais, à côté de sa vie de famille et de la traduction et.
Le son pour prendre un livre dramatique qui a suivi le r de très peu de deux ans. C'est 23 poèmes. Si je me souviens bien tragique sur l'agonie de son beau père c, c'est un sujet terrifiant. C'est le plus gros manuscrit du tout le fond d'archives. Il y a à peu près 145 feuillets recto verso. Plusieurs versions, c'est épouvantable en une année.
Il s'est battu vraiment. C'était une bataille intérieure pour sortir 23 poèmes de l'horreur émotionnelle qu'il a éprouvé et rendre sa dignité à un homme arraché à la vie par la mort. C'est impressionnant de voir ça. Donc, je dirais que la poésie, c'est pas recevoir ce qu'une muse vous inspire ou faire, mais c'est défaire, c'est démonter quelque chose, c'est démonter quelque chose.
Et je trouve que le lire. Dans cette sorte de reprise permanente de variations de scrupules de retouche déjà donne une parole ouverte qui n'a pas la réponse définitive et qui est une grande leçon de négociation permanente avec autrui, mais l'autre est en lui même déjà avec lui même. Donc une sorte de diplomatie intérieure à élaborer au quotidien dans une recherche d'équilibre.
D'équilibre entre quoi et quoi entre le mal et l'émerveillement entre la mort et la destruction qui en honte à côté toute sa vie et toute son œuvre. Et des moments d'éblouissement je ne sais pas la socialité d'une chevelure de femme. L'amour est présent discrètement, mais omniprésent chez Philippe jacot la pureté d'une cascade.
Le flux d'une lumière à l'aube, il s'accroche à ces moments infimes. Je dirais passagers, pour montrer qu'ils ont autant poids que les drames qui nous plombent et son dernier livre est à ses poignants parce qu' il affronte, il affronte ses deux protagonistes. Au lieu d'en choisir un, il cherche par la poésie, je dirais pas à les confondre, mais à créer un va et vient permanent qui lui permet.
De rester debout avant de quitter le monde avant le grand saut. Il n'y a pas de salut. Il n'y a pas de suite pour son corps physique, mais ce qui peut nous léguer c'est ça ce besoin de ne pas perdre de vue les deux pôles antagonistes de la vie et de ne pas s'enfermer dans l'un ou l'autre.
Et cette exigence extrême. C'est elle qu'on va continuer de sonder dans le prochain épisode de cette série dans lequel on découvre un Philippe j. Côté traducteur de poètes majeurs. La traduction comme forme d'écriture, une manière peut-être de continuer à chercher les mots justes pour dire le réel et néanmoins la poésie.
Philippe jco une série documentaires podcast chat conçu en collaboration avec Daniel mati. On partenariat avec le centre des littératures en suisse, romane de l'université de Lausanne, le centre de traduction littéraire de Lausanne, la bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne et le musée jet.
Cette série d documentaires podcast a été rendue possible grâce au soutien de la fondation leard de la fondation yan michalski pour l'écriture et la littérature de la fondation ubs pour la culture et de l'état de v.